Poésies communes

CM1 et CM2

 

1: Le blaireau sans gêne

Lui offrait-on quelque gâteau ?
C’est simple il en réclamait deux.
Devant un cadeau, ce blaireau
Faisait la moue, remerciait peu.
Partout il se sentait à l’aise
Se glissant à la meilleure place.
On le vit devenir obèse
Mais toujours faisant la grimace.
Un jour chez la Dame Belette
Il dit un gros mot incongru ;
Alors sa renommée fut faite :
Désormais nul ne le reçut.
Moralité
Soyez polis, soyez courtois
Dites bonjour, dites merci
On vous recevra avec joie,
Et vous aurez beaucoup d’amis
Yvon Danet
 
2. Le Laboureur et ses Enfants

Travaillez, prenez de la peine :

C'est le fonds qui manque le moins.

Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,

Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.

« Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage

Que nous ont laissé nos parents.

Un trésor est caché dedans.

Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage

Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.

Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'Oût.

Creusez, fouillez, bêchez ; ne laissez nulle place

Où la main ne passe et repasse. »

Le père mort, les fils vous retournent le champ

Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an

Il en rapporta davantage.

D'argent, point de caché. Mais le père fut sage

De leur montrer avant sa mort

Que le travail est un trésor.

 

Jean de La Fontaine (1621-1695)

 

3: Le vieux volcan

C'était un vieux volcan
Qui dormait depuis si longtemps
Et ce matin, il n'a plus sommeil
Il sort de sa torpeur et soudain s'éveille

 

La chaleur du magma le pousse
Il éternue, il crache et tousse
Régurgitant ses cendres, ses fumeroles
Et son nuage noir qui fait des cabrioles

 

Le ciel soudain devient silencieux
Les tarmacs du vieux monde sont comme morts
La panique, la consternation dans les aéroports
Ce maudit volcan leur vole leur temps si précieux

 

Le volcan ça le fait bien rire
De voir tous ces pauvres humains
Qui se croient maitres des éléments, du destin
Il s'est bien amusé, il va se rendormir

Mais jusqu'à quand?

 

Lutèce

 

 

4. La retraite de Russie

https://www.youtube.com/watch?v=Bom_TyGIasw

https://www.dailymotion.com/video/x623nx_la-retraite-de-russie_news

https://www.youtube.com/watch?v=lfO-pmrH18k

Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l'aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l'empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.


Il neigeait. L'âpre hiver fondait en avalanche.
Après la plaine blanche une autre plaine blanche.
On ne connaissait plus les chefs ni le drapeau.
Hier la grande armée, et maintenant troupeau.
On ne distinguait plus les ailes ni le centre.


Il neigeait. Les blessés s'abritaient dans le ventre
Des chevaux morts […]

 

Victor Hugo

5- le petit prince et le renard

https://www.youtube.com/watch?v=VivQW-pHmTg

- Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. 

 

Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. 

 

Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...

 

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :

- S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il. 

Antoine de Saint Exupéry

 

6) Chance ou malchance ?

 

Un habitant du nord de la Chine vit un jour son cheval s’échapper et passer de l’autre côté de la frontière. Le cheval fut considéré comme perdu.

A ses voisins qui venaient lui présenter leur sympathie, le vieil homme répondit :

-       La perte de mon cheval est certes un grand malheur. Mais qui sait si dans cette malchance ne se cache pas une chance ?

Quelques mois plus tard, le cheval revint accompagné d’une magnifique jument. Les voisins félicitèrent l’homme, qui leur dit, impassible :

-       Est-ce une chance, ou est-ce une malchance ?

Le fils unique du vieil homme fut pris d’une véritable passion pour la jument. Il la montait très souvent et finit un jour par se casser la jambe pour de bon. Aux condoléances des voisins, l’homme répondit, imperturbable :

-       Et si cet accident était une chance pour mon fils ?

L’année suivante les Huns envahirent le nord du pays.

Tous les jeunes du village furent mobilisés et partirent au front. Aucun n’en revint. Le fils estropié du vieil homme, non mobilisable, fut le seul à échapper à l’hécatombe.

(d’après Hoài-Nam-Tu)

 

7) Cher frère blanc,

https://www.youtube.com/watch?v=lpqGJXPzxME


Quand je suis né, j’étais noir,
Quand j’ai grandi, j’étais noir,
Quand je suis au soleil, je suis noir,
Quand je suis malade, je suis noir,
Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc,
Quand tu es né, tu étais rose,
Quand tu as grandi, tu étais blanc,
Quand tu vas au soleil, tu es rouge,
Quand tu as froid, tu es bleu,
Quand tu as peur, tu es vert,
Quand tu es malade, tu es jaune,
Quand tu mourras, tu seras gris.

Alors, de nous deux,
Qui est l’homme de couleur ?

Léopold Sédar Senghor

 

8) L’homme qui te ressemble 

https://www.youtube.com/watch?v=gZKra0FgMBk

https://www.youtube.com/watch?v=7DmGko5TFHo&nohtml5=False

J’ai frappé à ta porte

J’ai frappé à ton cœur

Pour avoir un bon lit

Pour avoir un bon feu

Pourquoi me repousser ?

Ouvre-moi mon frère !…

 

Pourquoi me demander

Si je suis d’Afrique

Si je suis d’Amérique

Si je suis d’Asie

Si je suis d’Europe ?

Ouvre moi mon frère !.. .

 

Pourquoi me demander

La longueur de mon nez

L’épaisseur de ma bouche

La couleur de ma peau

Et le nom de mes dieux,

Ouvre-moi mon frère !…

 

Je ne suis pas un noir

Je ne suis pas un rouge

Je ne suis pas un jaune

Je ne suis pas un blanc

Mais je ne suis qu’un homme

Ouvre-moi mon frère !…

 

Ouvre-moi ta porte

Ouvre-moi ton cœur

Car je suis un homme

L’homme de tous les temps

L’homme de tous les cieux

L’homme qui te ressemble !…

 René Philombe.